La connaissance des aléas littoraux ne peut se faire en tenant compte des seules connaissances acquises sur les dernières décennies. Certes, elles sont utiles, mais il est absolument nécessaire de prendre en compte :
- L’échelle historique. Dans ce contexte, le recours à divers types d’archives est nécessaire pour parvenir à caractériser au mieux les aléas littoraux d’érosion et de submersion. Ce sont, par exemple, les archives orales, écrites et iconographiques qui concernent la période historique récente du XVIIIe au XXe siècles et des dernières décennies qui sont exploitées pour les témoignages qui y sont relatés.
- L’échelle de la période géologique récente. Depuis deux mille ans et surtout les derniers siècles, les événements météorologiques et marins extrêmes sont fréquents et ont un rôle déterminant sur l’évolution de la morphologie des plages sableuses et des cordons littoraux surmontés d’une dune. Des enregistrements géomorphologiques de l’action passée de ces événements permettent de disposer d’une meilleure connaissance à long-terme des aléas littoraux. C’est le cas, en particulier dans les marais littoraux où ces événements ont pu être enregistrés et ont laissé des témoignages. L’affaissement lent de certains secteurs de côtes (dénommé subsidence), au cours des derniers millénaires, de l’ouest et du sud de la péninsule bretonne y a, en effet, favorisé la sédimentation. Les dépôts de sédiments fins (argiles et sables fins) dans ces secteurs abrités des vagues se sont ainsi progressivement épaissis. Plusieurs mètres d’épaisseur parfois ont alors pu conserver, à différentes profondeurs sous la surface actuelle, les témoignages d’épisodes agités qui ont affecté le littoral (tempêtes associées à de fortes houles, submersion par exemple). Les débordements ou la formation de brèches dans les cordons littoraux par les vagues de tempête se sont traduits dans ces marais par le dépôt de sédiments plus grossiers ou des dépôts de coquilles d’organismes marins et littoraux. On peut les observer actuellement sous forme de couches intercalées dans l’épaisseur de ces sédiments fins et il est, dans certaines conditions, possible de les dater à partir des débris de coquilles d’organismes marins ou continentaux, de restes végétaux, de morceaux de bois notamment par la technique du radiocarbone (carbone 14).