Les conséquences observées des événements météo-marins, c’est-à-dire les dommages, sont les plus à même de rendre compte des caractéristiques de chaque événement, notamment, pour ce qui est des événements anciens, en l’absence de mesure systématique des conditions météorologiques et marines. S’agissant de l’étude des événements passés, les dommages suivis ici sont ceux observés sur le trait de côte dans sa composante naturelle mais également sur les infrastructures liées aux activités humaines et installées sur le trait de côte ou à proximité sur les estrans ou en arrière du rivage.
La caractérisation de l’érosion et/ou de la submersion est d’autant mieux cernée grâce au recul historique basé sur :
- l’observation d’un nombre important de situations antérieures récentes (XVIe siècle jusqu’à 2012) et plus anciennes (à l’échelle de plusieurs milliers d’années)
- et grâce à la diversité des impacts produits.
Il est important de noter que les impacts les plus importants pour les infrastructures et les populations riveraines sont générés par les situations de plus rare occurrence.
A titre d’exemple, la Bretagne est une zone stratégique de la côte européenne exposée, de par la variété de ses côtes, à la fois aux tempêtes d’orientation ouest-sud-ouest et également aux tempêtes d’orientation ouest-nord-ouest. La remontée progressive du niveau marin est de 30 m depuis 11 500 ans, c’est-à-dire le début de l’Holocène période tempérée dans laquelle nous vivons. Ce phénomène amène obligatoirement un recul progressif et une érosion naturelle du trait de côte. Ce phénomène est exacerbé depuis 1850 par :
- une anthropisation du milieu (construction d’habitats ou d’infrastructures, modification des pratiques : exploitation du sable ou conchyliculture), perturbant le fonctionnement normal du milieu littoral.
- une remontée plus rapide du niveau marin par rapport aux siècles précédents. La survenue irrégulière d’événements tempétueux est ainsi rendue beaucoup plus dommageable en raison du relèvement du niveau marin.
L’état actuel d’un littoral est la résultante de phases de construction et de destruction, c’est-à-dire d’avancées naturelles du rivage vers la mer ou de recul vers la terre (à l’exception des falaises qui évoluent uniquement par recul) associées à des événements météorologiques et océaniques puissants et extrêmes. Dans le cas du littoral breton, les événements extrêmes sont fréquents et jouent un rôle déterminant sur l’évolution de la morphologie des plages sableuses. Toute tempête un peu forte peut générer une érosion importante sur certains secteurs du trait de côte mais également une inondation potentielle des sites de très basse altitude, localisés en arrière des cordons littoraux.
Il est ainsi important de produire des connaissances approfondies et détaillées des événements dommageables sur la période longue des derniers millénaires et la période récente depuis le XVIe siècle à 2012. Il s’agit donc de mettre en évidence ces événements dommageables enregistrés dans la zone côtière, de connaître la distribution spatio-temporelle à l’échelle régionale de leurs conséquences, tout en les couplant avec les évolutions des conditions météorologiques et/ou océaniques dont ils sont issus.
La démarche est à la fois historique et naturaliste puisque différentes « mémoires » (bibliographiques, iconographiques, géologiques, …) peuvent être utilisées conjointement. L’analyse de la récurrence de tels évènements en regard de ceux du passé est primordiale pour la gestion future des zones littorales.