front de mer avec plages, villages et bateau sur la côte bretonne

Jeu des acteurs gestionnaires

Les jeux d’acteurs de la gestion
des risques côtiers

L’analyse des jeux d’acteurs dans le cadre de la gestion des risques côtiers est incluse dans l’analyse des politiques publiques. Ce type d’étude est rarement mené par les communes mais plutôt par les niveaux nationaux, régionaux et éventuellement départementaux car elle vise à comprendre en quoi il peut y avoir des dysfonctionnements, des blocages, des hétérogénéités territoriales dans la gestion des risques côtiers.

Intérêt de la démarche

La gestion des risques côtiers renvoie à la mise en œuvre de politiques publiques, à la gouvernance de territoires à différentes échelles et à l’élaboration de stratégies à plus ou moins long terme (ex. la relocalisation des activités et des biens). Toutes ces actions nécessitent le partenariat et la coordination de nombreux « acteurs », que l’on va chercher à analyser.

Deux types de connaissances sont importants :

• des connaissances sur les représentations que chacun (gestionnaires à différentes échelles, experts, techniciens…) se fait sur l’objet « risque côtier » et sur les outils et connaissances nécessaires à leur gestion ;

• des connaissances sur les stratégies des acteurs, sur les relations qu’ils entretiennent entre eux, sur les outils mobilisés et la circulation des connaissances.

Au final, on peut aboutir à la reconstitution d’un sociogramme (un schéma du réseau des relations et de leurs objets) de cette action collective qui met en évidence des coalitions, des alliances, des absences de relations, des interdépendances plus ou moins fortes, des modes de circulations des connaissances. Mais surtout, globalement, on peut tirer de cette analyse une vision plus juste des écarts entre théorie et pratique, et relativiser la rationalité souvent surestimée du fonctionnement des organisations. La sociologie des organisations, dont Michel Crozier est un des principaux fondateurs, constitue ici une référence théorique fondamentale.

Qu’appelle-t-on un « acteur » ?

Ce peut être une personne, un groupe d’individus, une organisation ou une institution, avec un ou plusieurs porte-parole. En sociologie des organisations, on parle « d’acteur stratégique », ce qui signifie que l’acteur, tout en étant contraint par les limites de son organisation et les règles en vigueur à l’intérieur de celle-ci, possède en même temps une liberté, par exemple, de s’affranchir de ces règles et d’inventer de nouvelles solutions aux problèmes posés (Crozier et Friedberg, 1977). La notion d’incertitude est centrale dans une analyse des « jeux » d’acteurs, car c’est sur celle-ci que reposent le processus de négociation et les jeux de pouvoir. Les acteurs sont inégaux devant les incertitudes du problème, et chacun possède ses propres représentations de l’objet, ses logiques de fonctionnement, ses intérêts à agir, dans des contextes d’action spécifiques.

Identifier les acteurs

L’analyse des jeux d’acteurs de la gestion des risques côtiers consiste tout d’abord à identifier les acteurs concernés à différentes échelles (nationale, régionale et locale). On peut ainsi identifier cinq grandes catégories, à l’intérieur desquelles il s’agit de repérer des individus confrontés à la question des risques :

• collectivités territoriales : les élus locaux et les employés des communes et des intercommunalités, conseils généraux et régionaux ;

• services de l’État : déconcentrés (DDTM, Dreal) ou centraux (DGRP et DGALN, CEREMA), préfectures ;

• bureaux d’études : directeurs et chargés d’études techniques ;

• associations : associations locales de défense de l’environnement, ou associations d’usagers et de riverains, ou associations nationales (par exemple l’Anel) ;

• établissements publics à caractère scientifique – EPST (ex. CNRS, Météo France) ou à caractère industriel et commercial – Epic (ex. ONF, BRGM, Ifremer…) ou établissements publics administratifs – EPA (Conservatoire du littoral, Shom, Météo France…), ou établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (Universités).

Lorsque certains acteurs ont plusieurs « casquettes », élu et entrepreneur par exemple, ou particulier et membre d’une association, ils sont interrogés selon une de leurs fonctions.