
Les référentiels les plus appropriés pour décrire l’occupation du sol à l’échelle de sites de dimension communale voire infra communale, sont les MOS (Modes d’Occupation du Sol). Ce sont des inventaires exhaustifs de l’occupation du sol produits à l’échelle régionale, et mis à jour régulièrement afin de permettre d’analyser l’évolution des territoires (Mos 1982-2012. Volume 1. Du ciel à la carte, Cahiers n° 168, Institut d’aménagement et d’urbanisme – Ile de France). Ils reposent sur une cartographie de grande précision géométrique (1/5000 pour une unité minimale de collecte fixée à 25 ares) et thématique. La nomenclature de base, dérivée de celle de Corine land cover, dont elle constitue un niveau emboîté de 4ème voire de 5ème ordre, comporte 81 postes de légende. Pour permettre le suivi de l’évolution d’un territoire, ces cartographies doivent être actualisées régulièrement : par exemple le MOS Île-de France a été mis à jour huit fois depuis sa première édition de 1982 (1987, 1990, 1994, 1999, 2003, 2008 et 2012). Ces cartographies sont établies par photo-interprétation à l’écran, à partir d’une couverture orthophotographique à très haute résolution spatiale (supérieure à 0,50 m), complétée par les données du RGE (voirie, hydrographie, etc.) ainsi que par des informations complémentaires (fichiers administratifs, informations adressées par les communes, etc.) qui en constituent le canevas.
Sur le littoral, les MOS sont disponibles en Normandie ou en Pays de la Loire. Dans les autres régions, ces inventaires sont en projet mais ne sont pas encore disponibles.
D’autres référentiels décrivant l’occupation du sol sont disponibles à l’échelle nationale (Corine land cover), ou sur le littoral (Inventaire permanent du littoral – Ipli). Mais leur échelle (1/100 000 pour Corine land cover ; 1/25 000 pour l’Ipli), et/ou leur fréquence de mise à jour (1990, 2000 et 2006 pour Corine Land Cover, 1977 et 2000 seulement pour l’Ipli) les rendent peu pertinents pour une description détaillée de l’occupation du sol à des fins de gestion des risques côtiers. Pour mémoire on peut également citer Terruti, l’enquête conduite annuellement au niveau national pour suivre et quantifier les changements d’occupation et d’usage (agricole, naturel et urbanisé). Il s’agit cependant d’une méthode d’échantillonnage, qui ne couvre par définition pas l’intégralité du territoire et, par conséquent, n’est pas très appropriée à l’analyse des enjeux exposés aux aléas, notamment côtiers.
Points clés
- Les MOS apparaissent comme les référentiels les plus appropriés pour décrire l’occupation du sol dans les zones exposées aux aléas littoraux. Mais ils ne sont disponibles que dans certaines régions.
- L’utilisation des référentiels Ipli et Corine land cover n’est pas pertinente pour décrire avec suffisamment de précision les enjeux dans des zones de superficies généralement restreintes. Leurs limites résident à la fois dans leur échelle de restitution (1/25 000 pour l’Ipli, 1/100 000 seulement pour Corine land cover) et de leur mise à jour irrégulière.
- Terruti est une méthode d’échantillonnage, peu adaptée dans un contexte de gestion des risques côtiers.
- De nombreux territoires exposés aux risques côtiers ne sont pas encore couverts par les MOS. Le RGE® fournit alors une base de travail tout à fait appropriée pour une cartographie à grande échelle
Données socio-économiques agrégées : les fichiers 200m de l’Insee
L‘Insee produit et diffuse des données statistiques relatives à divers aspects économiques, démographiques, et sociaux sur l’ensemble du territoire français. Une part importante de ces données est produite à l’occasion des recensements pour lesquels des données harmonisées existent depuis 1968. Il s’agit donc d’une source irremplaçable pour connaître les caractéristiques socio-économiques d’un territoire et son évolution.
Cependant, jusque récemment, les données étaient uniquement diffusées à l’échelle communale et, pour les communes de plus de 10 000 habitants, selon un découpage infra-communal : les IRIS (Ilots Regroupés pour l’Information Statistique). Leur utilisation dans le cadre de la gestion des risques côtiers, notamment en vue de l’évaluation de la vulnérabilité sociale et économique des zones exposées aux aléas restait limitée. La collecte de ces données reposait alors nécessairement sur des enquêtes et des investigations sur le terrain. Désormais des données carroyées à la résolution de 200 m ou de 1 km peuvent être obtenues auprès de l’INSEE. Les thématiques proposées se rapportent aux caractéristiques socio-économiques et fiscales de la population.
Focus sur l’importance du terrain…
La mise à disposition d’informations, notamment géographiques, de référence c’est-à-dire standardisées, de qualité avérée et régulièrement mises à jour, est une très bonne nouvelle pour l’analyse des enjeux des territoires exposés aux aléas côtiers. Il suffit pour s’en convaincre de consulter le guide méthodologique de 1997 (Garry, 1997), qui montre l’état de disponibilité de référentiels il y a quelques années : seule la carte topographique est évoquée et l’usage de sa version numérisée (SCAN 25® IGN) est recommandé à la fois pour la délimitation des zones exposées et l’analyse de leurs enjeux… On peut donc apprécier les nouvelles possibilités offertes par la mise à disposition des référentiels de l’IGN, des services du cadastre ainsi que des données carroyées de l’Insee.
Cependant, en tant que référentiels, ils ont un caractère générique qui peut rendre leur peu approprié selon les problématiques traitées. Par ailleurs, leur mise à jour, bien que régulière, ne peut être conduite tous les ans. Le recours au terrain reste donc indispensable, en particulier dans un contexte de gestion des risques pouvant affecter la population et ses biens.