erosion des plages, des falaises et des littoraux sur la côte bretonne

Identifier et cartographier les enjeux

Dans un ordre d’importance décroissante, il convient de protéger la vie humaine, les équipements fondamentaux, les activités susceptibles d’engendrer des effets secondaires (pollution, court-circuit…), les bâtiments et les types d’occupation du sol (MEDDE, 2014). D’un point de vue pragmatique, on aura intérêt à mener leur inventaire dans un ordre différent, dans la mesure où certains enjeux peuvent simplement être cartographiés, tandis que d’autres doivent être hiérarchisés, ce qui est plus complexe.

Occupation du sol

La connaissance de l’occupation des sols est primordiale pour identifier et délimiter les activités et les aménagements concernés par les risques côtiers. Davantage que sur une description détaillée du territoire considéré, son intérêt réside dans le diagnostic des enjeux exposés pour en permettre une hiérarchisation globale.

En attendant les MOS, les données de référence disponibles – Ipli et Corine land cover – sont d’utilité relative car trop imprécises à l’échelle parfois infra-communale des zones exposées au risque. Elles permettent une première approche qu’il est impératif de compléter par compilation de plusieurs référentiels (cadastre et RGE® notamment), par photo-interprétation et par des investigations sur le terrain.

Exemple, la cartographie de l’occupation du sol au Curnic à Guisseny

Carte à vocation opérationnelle

Elle doit inventorier les enjeux essentiels décrits par les documents officiels, notamment les PCS :

Equipements stratégiques : centres de secours et d’accueil temporaire de la population.

Activités particulièrement vulnérables par leur caractère intrinsèque (fragilité particulière des édifices ou des équipements, vulnérabilité des produits manipulés ou de la population concernée), ou par les effets dominos qu’elles sont susceptibles d’engendrer (pollution, accroissement du risque). Exemples : école, maison de retraite, entreprise, stockage d’hydrocarbure ou de produits dangereux, centrale nucléaire.

Réseaux : l’accès à ce type d’information peut être restreint en raison de son caractère stratégique (réseau ERDF) et, à l’exception du réseau routier, la donnée liée peut présenter encore un caractère peu structuré (adduction d’eau, assainissement). Cependant, la connaissance des principaux points de vulnérabilité de ces réseaux mérite d’être examinée.

Accès et circulation sur le site : l’exploitation combinée de la BD TOPO® IGN combinée à celle du référentiel topographique Litto3D peut permettre d’identifier les points sensibles pour la circulation dans les zones exposées, notamment pour l’accès des secours et l’évacuation de la population en période de crise.

Infrastructures de protection : elles sont répertoriées et font l’objet de suivis régulier quant à leur état d’entretien. Elles pourraient aussi être répertoriées en fonction de leur vulnérabilité à différents types d’aléa, vulnérabilité qui est susceptible d’accroître celle des enjeux protégés par ces ouvrages.

L’inventaire de ces enjeux peut s’effectuer à partir de l’exploitation du RGE®, complétée sur le terrain en collaboration étroite avec les services compétents. Mais il est désormais courant que les services compétents dans la gestion des risques mettent leurs données à disposition des usagers à partir d’IDS, dont le catalogue permet de rechercher, de consulter, voire de télécharger l’information géographique correspondante. Par exemple le GéoBretagne ouvre l’accès aux données produites et entretenues par les Sdis ou par les services de l’Etat, dont certaines apparaissent très pertinentes pour la gestion des risques (délimitation des zones basses, centres de secours, accès au littoral, etc.).

Cas de la vie humaine :
identifier et localiser les populations vulnérables

On doit nécessairement quitter ici le domaine de la description générale des enjeux pour s’intéresser à de l’information individuelle. Or, cette information n’est pas aisée à collecter en raison de la mobilité des populations concernées, notamment sur le littoral où se localisent de nombreuses résidences secondaires, mais également du fait de contraintes de confidentialités liées à la liberté individuelle. Elle doit cependant figurer dans certains documents à vocation opérationnelle comme les PCS. Dans ces conditions, qu’est-il utile de recenser ?

– A l’échelle régionale ou nationale, certains auteurs intègrent des critères socio-économiques issus des données de recensement de population. Mais ce type d’approche n’est pas suffisamment précis à l’échelle locale de la plupart des zones exposées aux aléas côtiers.

– La population générale du site peut être estimée en première approche à partir des données carroyées de l’Insee.

– L’identification et la localisation des personnes considérées comme vulnérables (personnes âgées, personnes à mobilité réduite, enfants) reposent quant à elles, soit sur la connaissance du territoire et de ses habitants par la collectivité locale (cas des petites communes), soit sur des enquêtes pouvant éventuellement être confiées aux SDIS. La donnée collectée peut prendre la forme d’un annuaire indiquant les coordonnées complètes des personnes « présentant une vulnérabilité particulière » qui doit impérativement être régulièrement entretenu.